11.4.16

Rat Queens : les bad girls de la fantasy viennent briser des crânes et des cœurs !

Les femmes et la fantasy, c'est un peu une histoire d'amour et de haine : bien qu'elles soient présentes, elles sont souvent cantonnées en deux catégories : les classiques demoiselles en détresse et les personnages secondaires faussement forts qui sont en fait là pour démontrer la supériorité d'un héros masculin. Heureusement, quelques irréductibles auteurs se battent sans relâche pour dynamiter ces clichés et pour nous proposer des œuvres épiques aussi surprenantes et fraîches que Rat Queens.
Pro tips : n'hésitez pas à lancer ma playlist Rat Queens pour vous mettre dans l'ambiance pendant votre lecture.

Irresponsables, hargneuses, bornées, portées sur le sexe, la picole et autres substances illicites...
Non, les quatre anti-héroïnes de Rat Queens ne font quasiment rien comme leurs consœurs de la fantasy et c'est tant mieux ! Présentations :
Violet est une guerrière Naine hipster (qui a rasé sa barbe avant que cela ne soit cool)
Hannah, une magicienne Elfe rockabilly
Dee, une "cultiste" (oui, oui de ceux qui vénèrent Cthulhu) Humaine et athée
Betty, enfin, est une voleuse Lutine hippie lubrique, accro aux drogues et aux sucreries
Avec de telles singularités, nos héroïnes sont bien entendu considérées comme des parias par leurs semblables, mais ça elles s'en moquent complètement. Au point de monter leur propre groupe de mercenaires, les Rat Queens.

Le problème, c'est qu'avec de tels caractères, les Queens réussissent à se retrouver dans des situations menaçant la survie même de leur univers —et en sont parfois à l'origine, plus ou moins directement—. Heureusement pour leur monde, leur "badassitude" est à la hauteur de leur capacité à se mettre dans la merde. Gros point positif à ce propos : oui, les Rat Queens sont fortes et n'ont besoin de personne, mais cela n'est pas montré d'une manière caricaturale avec un "Girl Power exacerbé rabaissant la gent masculine alors que la mécanique inverse est trop souvent utilisée dans certaines sagas de fantasy. Si la série a réussi à rassembler aussi bien les lecteurs que les lectrices aux États-Unis, c'est parce qu'elle n'en fait pas trop. Les Queens sont captivantes pour ce qu'elles sont et par ce qu'elles font —aussi bien niveau conneries qu'actions épiques—.


Dire que Rat Queens est un comic book féministe serait réducteur car, selon moi, c'est tout bonnement une œuvre humaniste. En effet, ce ne sont pas seulement des héroïnes qui sont mises à l'honneur mais bien 'l'humanité" dans toute sa diversité et ses comportements plus ou moins vertueux. La preuve : en plus des classiques menaces maléfiques (on est dans de la fantasy, ne l'oublions pas !), nos héroïnes doivent souvent composer avec l'esprit étriqué d'une société traditionaliste qui ne voit pas leur liberté d'un bon œil. Une réelle réussite dans le propos que l'on doit à l'auteur canadien Kurtis J. Wiebe (également papa de l'excellent Peter Panzerfaust, encore inédit en France), dont la sensibilité aux questions de lutte contre les inégalités transparaît également dans chacune des lignes qu'il écrit sur son blog.
Il y affirmera d'ailleurs "vouloir écrire des histoires sur les femmes qu'il rencontre dans sa vie de tous les jours, sur l'amitié et faire des comics représentant et valorisant de la diversité."
Stjepan Sejic, toujours au sommet dans sa représentation des personnages féminins
Si on ajoute à cela, l'humour cash toujours présent mais sans jamais devenir lourd et les somptueux dessins de Roc Upchurch pour ce premier tome (il sera remplacé sur décision de Kurtis J. Wiebe, suite à de sordides faits de violence conjugale, par les non moins talentueux Stjepan Sejic, Tess Flower et Tamra Bonvillain), on tient avec Rat Queens un des meilleurs comic books indépendants du moment.

Bon, vous l'aurez compris, Rat Queens est un immense coup de cœur pour moi et la qualité de la version française publiée par Urban Comics (augmentée d'un prologue et de quelques bonus par rapport à mon TPB VO) en font un comic book indispensable pour tous ceux qui adorent les œuvres fraîches, drôles, épiques et un peu punk sur les bords. En parlant de punk, je vous ai concocté une petite playlist incarnant pour moi l'esprit libre et furieux de Rat Queens. Enjoy :

Crédits planches : © 2014, 2016 Kurtis J. Wiebe and Roc Upchurch. All Rights Reserved © URBAN COMICS

Alors, ça a quel goût Rat Queens ?

Caractéristiques principales
  • Genre : fantasy, action, humour, girl power badass
  • Style graphique : métissé, sublime, coloré
œuvres similaires
  • BD et romans : Tank GirlL'univers de Troy, Le Disque-monde
  • Ciné & TV : Kaamelott, Dirty Pair, You're under arrest
  • Jeux Vidéo : Styx : Master of Shadows, Fable, les Dragon Age
  • Musique : Bad Cop Bad Cop, Joan Jett, Le Donjon de Naheulbeuk (oui, oui), Brody Dalle et bien d'autres que je vous propose de découvrir dans ma playlist !
Frais, politiquement incorrect, épique... Les qualités de Rat Queens sont si nombreuses que vous tomberez amoureux à coup sûr de cette bande d'aventurières irrévérencieuses qui vous rappelleront sûrement quelques-unes de vos copines grandes gueules et baroudeuses (Poke J.D).


Rat Queens, tome 1 : Donjons et draguonsAuteurs : J. Wiebe Kurtis (scénario), Roc Upchurch (dessins)
Éditeur : Image Comics (USA) / Urban Comics (France)
Nombre de pages : 144 pages
Date de sortie : 15/04/16
Prix : 10 € (prix de lancement jusqu'au 30/06/16)