20.4.16

Tintin parle en sarthois grâce à lui : rencontre avec le traducteur Serge Bertin

À l'occasion de la sortie de L'Affaire Tournesol en patois sarthois, j'ai pu rencontrer Serge Bertin, le traducteur derrière cet objet régional d'exception. Compte-rendu de cette interview colorée !

Le Goûteur Culturel : Bonjour Monsieur, c'est un honneur en tant que nouveau Manceau de pouvoir rencontrer le traducteur du "Tintin sarthois". Pouvez-vous vous présenter s'il vous plait ? J'imagine que vous êtes un Sarthois pur jus !
Serge Bertin : Oui, je suis un Sarthois d'origine né au Mans ! Je m'appelle Serge Bertin, mais depuis l'annonce de la publication de l'album de L'Affaire Tournesol en patois sarthois, mes amis m'ont donné le surnom de "Bertintin" (rires). Je suis écrivain et enseignant d'histoire-géo à la retraite.
LGC : Et comment avez-vous été intégré à ce projet ? Vous en avez entendu parler et vous vous êtes proposé pour la traduction ?
Serge Bertin : Oh, je dirais que j'ai été "l'instrument de la belle idée de Samuel (NDLR : Samuel Chauveau, le fondateur de la librairie Bulle)" qui avait pour idée de publier un Tintin en parlé sarthois à l'occasion du Rallye Tintin (du 22 au 24 avril 2016) et des 70 ans de L'Affaire Tournesol. J'ai été intégré au projet par l'intermédiaire d'Alain Mala, le fondateur des Éditions Cénomanes, qui m'a recommandé de moi à Samuel.
LGC : Pourquoi vous avoir choisi ? Comment avez-vous acquis ce statut de spécialiste du patois sarthois ?
Serge Bertin : En fait, j'ai commencé à jouer dans un groupe folklorique en 1959 et de fil en aiguille, je me suis intéressé aux traditions sarthoises, au patois et aux richesses de la région. C'est comme ça que j'ai fini par écrire Trésor du parler cénoman, un dictionnaire en patois sarthois qui a été publié aux Éditions Cénomanes en 2006.
Alain Mala (à gauche) et Serge Bertin (à droite); Crédit photo : Ouest-France.fr
LGC : Et au niveau de la traduction et du travail éditorial, comment vous êtes-vous organisés avec Samuel et Monsieur Mala ? Avez-vous eu à vous déplacer en Belgique pour vous entretenir avec les ayant droits de Tintin ?
Serge Bertin : Oh, moi je n'ai pas bougé de Sarthe. C'est Samuel qui s'est chargé de dialoguer avec Casterman. Le projet a été lancé en novembre 2015 et j'ai été énormément aidé par Alain Mala, notamment pour la traduction bulles par bulles avec des contraintes au niveau de leurs tailles : il fallait être concis pour les respecter alors que s'exprimer en patois c'est tout l'inverse (rires). Il a fallu donc adapter l'essence et les tournures de phrases à l'action.
Il a également fallu adapter des mots n'existant pas dans le vocabulaire sarthois comme "ultrasons" par exemple que j'ai traduit par "machine à bru lencieux" (NDLR : machine à bruit silencieux") car une dame me disait que sa voiture était bien "lencieuse" parce qu'elle ne faisait aucun bruit. Et qu'est-ce que c'est que les ultrasons, sinon du son sans bruit ? (rires)
LGC : Ça a dû être génial à faire !
Serge Bertin : Oui, c'était jubilatoire de jouer avec les mots ! On éclatait de rire fréquemment avec mon épouse lors de nos relectures. D'ailleurs je conseille aux lecteurs de lire l'album à voix haute pour en saisir toute l'essence.
 LGC : Je ne manquerai pas de le faire, merci d'avoir répondu à mes questions !
 Bonus : En mars dernier, Serge Bertin s'était prêté au jeu de la lecture d'une traduction de quelques dialogues de L'Affaire Tournesol en sarthois pour le journal local Le Maine Libre. En voici la vidéo :
L'album "L'Zemmanchées au gârs Tournesô'" est tout chaud sorti de presse et est disponible en exclusivité à la Librairie Bulle. Attention, il est limité à 3000 exemplaires !